Alors que les épisodes de sécheresse se multiplient et que la facture d’eau ne cesse d’augmenter, la question de réutiliser les eaux usées revient avec insistance comme une solution évidente pour faire des économies d’eau. Longtemps réservée à l’industrie ou à l’agriculture, cette pratique gagne du terrain chez les particuliers. Mais quelles sont les technologies réellement disponibles, et autorisées, aujourd’hui en France ?
En France, un foyer consomme en moyenne 149 litres d’eau par jour et par personne, qui finit majoritairement… à l’égout. Pourtant, une bonne partie de cette eau, notamment les eaux grises, pourrait être recyclée à domicile. Réutiliser les eaux usées devient donc un levier concret pour économiser, sans renoncer au confort. Mais attention, la réglementation est très stricte pour protéger l’alimentation en eau potable.
Quelles sont les eaux usées que l’on peut réutiliser à domicile ?
On distingue deux grandes catégories d’eaux usées domestiques : les eaux grises et les eaux noires. Les eaux grises sont les eaux provenant des douches, baignoires, lavabos, lave-linge, voire de l’évier, hors graisses et résidus alimentaires. Elles sont faiblement polluées et donc réutilisables après un traitement adapté, tandis que les eaux noires sont les eaux des toilettes. Chargées en bactéries et matières fécales, elles ne peuvent pas être recyclées dans un usage domestique privé.
En France, pour éviter les contaminations croisées avec l’eau potable, la réutilisation des eaux usées est très encadrée. Les usages autorisés sont limités à l’alimentation des chasses d’eau, l’arrosage des espaces verts sauf le potager, le lavage des sols et le nettoyage des véhicules.
Il est donc parfaitement possible de réutiliser les eaux usées à domicile, à condition de disposer des bons équipements… et de respecter certaines règles, précisées dans le décret et l’arrêté du 12 juillet 2024 relatifs aux utilisations d’eaux non potables.
Quelles sont les technologies disponibles aujourd’hui pour recycler les eaux usées chez soi ?
Les solutions techniques se sont largement développées ces dernières années.
La plus simple est l’installation d’un système de récupération d’eaux grises couplé à un réservoir tampon. Ce type d’équipement collecte les eaux issues de la douche ou du lavabo, les filtre (filtration mécanique + désinfection UV ou chlore), puis les stocke dans un réservoir qui alimente, par exemple, les WC.
Les mini-stations de traitement domestique sont plus évoluées, elles combinent plusieurs étapes (décantation, filtration, désinfection) pour une réutilisation plus large. Leur installation nécessite un espace technique dédié et imposera un investissement de plusieurs milliers d’euros.
Il existe également des douches en circuit fermé : encore marginale mais prometteuse, cette technologie filtre et réutilise en boucle l’eau d’une douche pendant l’usage. L’eau est renouvelée à chaque nouvelle douche.
Quelles sont les contraintes techniques et réglementaires à connaître ?
La France applique un principe de précaution fort en matière de réutilisation des eaux usées, ce qui limite encore les usages à domicile. Plusieurs points sont à surveiller :
- Aucune connexion possible avec le réseau d’eau potable : les circuits doivent être clairement identifiés, séparés physiquement, et signalés pour éviter tout risque de confusion.
- Entretien obligatoire des systèmes : les filtres, cuves, pompes, lampes UV doivent être vérifiés et changés régulièrement.
- Déclaration en mairie recommandée, voire exigée, pour certaines installations, notamment celles reliées à un système d’évacuation collectif.
- Respect des normes sanitaires et de qualité de l’eau réutilisée, même si elle ne doit pas être potable.
Pour réutiliser les eaux usées à domicile, les solutions existent, sont de plus en plus fiables, et s’adaptent aux besoins des foyers français. Que ce soit pour alimenter les chasses d’eau, laver les sols ou arroser les plantes, ces systèmes permettent d’économiser jusqu’à 40 % d’eau potable, tout en réduisant sa facture et son impact environnemental. Encore peu répandue, cette pratique est appelée à se généraliser dans les années à venir, à mesure que la réglementation évoluera. Et si vous preniez un peu d’avance ?